mardi 24 janvier 2012

Prendre le temps

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Je suis sidérée comme on ne prennent plus le temps.

Plus le temps de manger.
Déjà au collège on nous apprend à aller vite. Je ne compte même plus le nombre repas sauter parce qu'il y avais plus de place au réfectoire et que les troisième arrivaient. On avait à peine le temps de se poser qu'il fallait déjà laisser la place. Au lycée on avait plus de temps mais le rythme était déjà acquis. Avant je mangeais aussi lentement que mon père (en gros une heure pour entrée/plat/dessert contre 15 minutes maintenant).
Pourtant, prendre le temps de manger, de savourer ce qu'on a en bouche, de sentir les saveurs exploser sur nos papilles, ça vaut le détour. Mais non, on a plus le temps. On ne sait plus prendre le temps de manger.
Maintenant, on me demande de manger lentement en prenant bien le temps de mâcher les aliments. Et bien je peux plus, j'y arrive pas. J'irais même jusqu'à dire que je m'ennuis si mon repas dure plus d'une demie heure. C'est grave quand même!

Plus le temps de regarder autours de soi.
J'aime beaucoup me promener, que se soit en ville, à la campagne ou en forêt. Et j'aime regarder autours de moi, voir ce qu'il se passe. Je peux sans soucis rester dix minutes à regarder un oiseau se laver, manger ou se battre. J'aime prendre le temps de détailler une pie ou un corbeau posé sur un panneau, un arbre, un feu. Contempler les remous du Rhône en cru, de la furie de la Saône, des canards et des cygnes luttant contre le courant.
J'aime regarder le ciel, voir des formes dans les nuages. M'émerveiller de la beauté du ciel bleu, de la peur que m'inspire des gros nuages noirs (j'aime pas l'orage, ça fait du bruit), de la féerie d'un rayon de soleil qui passe à travers les nuages. 
J'aime aussi observer les gens, tous dans leur monde, pressés, passant à côté de paysages fabuleux, de moments uniques.
Avez-vous déjà beaucoup vu de gens s'arrêtant un instant pour regarder les nuages dans le ciel ou un couple d'oiseau qui s'ébat?

Plus le temps de vivre.
Toujours au plus vite. Le travail, les enfants, les courses, la maison. Peu ou plus de temps pour sois, pour prendre le temps de vivre tout simplement. Tout doit toujours être fait dans la minutes, sinon ça va pas.
Combien j'en vois, à la boulangerie, au boulot, au marché, qui s’excitent parce que le vendeur prend le temps de couper le fromage, le jambon, parce qu'il y a du monde devant eux, que certains discutent avec les employés? Combien s'énervent parce qu'on met en rayon, mais pas assez vite pour eux, pas assez vite pour qu'ils puissent prendre leur produit? Combien critiquent les caissières parce qu'elles vont pas assez vite à leur goût?

Plus le temps pour les autres.
Tellement pressé qu'on est, on ne remarque plus les autres, ceux qui nous entoure. On se bouscule sans dire pardon. On n'avait qu'à pas être sur leur chemin. On fait tombé un colis à un homme (véridique, ça s'est passé sous mes yeux) sans même dire pardon, en partant très vite.
A peine remarque-t-on une agression, un malaise, un incident, un accident.
Et je ne parle même pas des animaux, où un chaton qui se fait passer dessus par un bus n'émeut personne (je l'ai vu et c'est moi qui suis allée sur le chaton pour voir son état. En vie mais bien amoché), un chien qui se fait renverser, un oiseau pris au piège dans un bureau.
On ne prend plus le temps de se regarder, de s'adresser un sourire, un signe de tête, un bonjour.

Plus le temps pour rouler.
Les limitations de vitesses sont en générales oubliées, sauf en cas de radar. Je sais, je fais pareil. Pourtant, quelques fois, j'aime bien rouler tranquille, sans me prendre la tête. Mais c'est chiant, je dois bien l'avouer. Même en vacances, les gens roulent comme des malades. Pourtant, les vacances c'est fait pour se détendre.

Plus le temps pour réfléchir.
Se poser et réfléchir à ce qui nous entoure, la société, le monde dans lequel on vie, est devenus compliqué. Abreuvé que l'on est par des publicités qui dure cinq minutes et où une dizaine de spots passent dans ce laps de temps.
Des séries et des télé-réalités qui nous vide le cerveau (et j'avoue que des fois ça fait du bien), qui ne nous font pas trop réfléchir. On est un peu des oies qu'on gave devant la télé.
Internet pourrait contrer cet effet, mais encore faut-il avoir envie de chercher parmi les 10 000 liens qu'on nous propose.

Je trouve qu'on a plus le temps de rien faire, plus le temps pour nous.
Vite vite, toujours plus vite, c'est la société qui le dit.
Vite, vite, toujours plus vite sans quoi tu sera dépassé.
Vite vite, sinon tu vas te perdre.
Vite vite, sinon tu pourrais réfléchir.

12 commentaires:

  1. Non on ne vit plus, on ne prend plus le temps c est bien ca le probleme!!!

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  2. Tellement d'accord avec toi...et la fin j'aime bien "vite vite, sinon tu pourrais réfléchir", c'est tout à fait ça.

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  3. Je fais parti des gens qui marche vite, parle vite, mange vite,réfléchis vite, travaille vite, toujours pressée, toujours plus vite. J'ai besoin de vivre à 100 à l'heure, sinon je m’ennuie, je me sens plus vivre.
    Mais je reste toujours polie.
    Et parfois y a un moment ou y a tout qui pète, et je bouge plus.

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  4. Très joli article !
    Je sais encore prendre le temps de manger (les bons vieux repas de famille ou d'amoureux) mais j'avoue au boulot il m'arrive de ne pas manger. Pour le reste, j'essaie de faire de mon mieux, de ne pas me laisser prendre dans ce piège de notre société.
    Aujourd'hui je suis immobilisée et je peux enfin reprendre tout ce temps, ce n'est pas facile car je m'inquiète pour mon boulot, mes études, mais d'un autre côté c'est agréable de se plonger dans un livre sans se dire que dans une heure il va falloir le refermer pour faire autre chose...
    Prendre le temps de réfléchir, ce temps-là ferait naître bien des miracles ou des révolutions c'est selon mais une chose est sûre ce n'est pas ce qu'on attend de nous. ^^

    Allez prenons du temps pour faire un pied de nez à la société, c'est du temps bien utilisé je trouve (et mes chats qui se posent enfin sur le haut du canapé, approuvent !)

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    1. Merci!

      Dur dur de lâcher prise, je te comprends. Même en vacances je m'inquiète du boulot.
      Mais ça fait du bien quand on y arrive!

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  5. J'ai l'impression que c'est le contrecoup de la modernité. La modernité nous a apporté de nombreux outils pour tout avoir plus vite et on perd l'habitude d'attendre, d'être patient, de prendre le temps de vivre. Un micro onde pour faire cuire plus vite les plats, un lave linge/sèche-linge/lave vaisselle pour ne plus avoir à le faire soi même, Internet et le tout en libre service fait que l'on ne sort plus pour se cultiver, se détendre, découvrir... C'est complètement illogique, tout cela devrait nous permettre de prendre plus le temps pour soi même et ce n'est pas le cas...

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    1. Je suis totalment d'accord avec toi. Mais plus on a de temps, moins on en a. Pour ma part, je l'ai remarqué pendant mes vacances.

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  6. C'est tout à fait ça. Ca me fait penser à une remarque qu'on m'a faite un jour, qu'il y a beaucoup de situations où on se dépêche pour aller attendre. C'est ridicule...

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