jeudi 21 juin 2012

Insensible ou oeillères?

Il y a deux semaines, ma grand-mère rentrait en urgence à l'hôpital. On ne savait ni pour quoi, ni rien. Elle a juste appeler rapidement mes parents pour leur dire qu'elle était à l'hôpital.
Ma mère a écrit un SMS au Loup pour lui annoncer la nouvelle (elle ne savait pas que je bossais pas le lendemain). Lui s'est inquiété, moi pas trop.
Bref, s'en suis un échange téléphonique pour savoir le pourquoi du comment, sans résultat. Elle en savait pas plus. Tout ce qu'elle a pus me dire, c'était que ma grand-mère allait être opérée le lendemain (soit mercredi).

Je ronge donc mon freins jusqu'au lendemain, me demandant ce qu'il peut bien se passer. Evidemment, impossible de joindre ma grand-mère qui est encore endormie de l’anesthésie.
Coup de fil à ma mère pour avoir des nouvelles. Rien. Elle a pas vu le médecin donc elle peut rien me dire. Ma tante est là-bas aussi.
Coup de téléphone de mon père vers les 20h. Il y va cash, sans vraiment prendre de gants.
"Le médecin a dit que c'était pas anodin. Elle avait une grosseur de 15cm dans le ventre. Enfin bon, attends-toi au pire" et il continu comme ça pendant bien 10 minutes, tout en me disant qu'il fallait attendre les résultats des analyses. Bref, c'était un peu "panique à bord". Et il me répète que c'est mieux si je l'appelais pas. Il fallait plutôt que j'appelle ma tante pour avoir des nouvelles le lendemain.
Je vous explique pas l'état dans lequel j'étais pour m'endormir!

Le lendemain j'appelle quand même ma grand-mère (non mais!) mais elle décroche pas (avec tous ses fils, elle pouvaient pas prendre le téléphone). Donc je commence un peu à paniquer. A 18h30 j'appelle ma tante. Répondeur. Ma mère, idem. Je commence sérieusement à m'énerver. Pas de nouvelles de personnes et impossible de joindre qui que se soit. Je ne peu même pas aller la voir, l'hôpital où elle est étant loin de chez moi. Bref, je ronge mon frein (et fait cramer mes cookies par la même occaz') de plus en plus en rogne.
Puis ma tante me rappelle (enfin!). Elle me rassure. Ma grand-mère va mieux que la veille, même si c'est pas encore la grande forme. Elle tient une conversation, se plaint d'être là où elle est (ben oui, si ma grand-mère râle pas parce qu'elle préférerait être chez elle, ça va pas), bref, elle va mieux. Je suis vraiment rassurée d'entendre une version moins dramatique de la situation.
Juste après, appel de mes parents. Qui eux sont moins optimistes. Elle va certes mieux, mais son état est grave blablabla. On convient avec ma mère qu'elle m'appelle demain du téléphone de la chambre de ma grand-mère pour que je puisse lui parler.

Vendredi donc, vers 17h30, ma mère m'appelle et me passe ma grand-mère. Elle a une voix bizarre, toute grave et tout, mais ça a l'air d'aller. Quand je lui ai demandé si on pouvait aller la voir, elle m'a dit oui mais que le dimanche car elle voulait pas qu'on la voie avec tous ses tubes et tout.

Dimanche après-midi, on file à l'hôpital. Ma grand-mère est toute contente de nous voir. On passe 1h30 là-bas, à parler de tout et de rien. Bref, on passe un bon moment (si tant est qu'on peut passé un bon moment à l'hôpital). Elle nous explique qu'elle voulait pas nous parler de son problème avant d'avoir fait son échographie (qui l'a mené directement à l'hôpital). Du coup on l'a engueulé gentiment en lui disant que c'était quand même important ces choses là et qu'on devrait être au courant. Elle a rétorqué qu'elle voulait pas nous inquiéter (pour le coup, c'est réussis!). Mais elle a promis de plus rien nous cacher.
Je suis soulager de la voir aussi bien.

Du lundi au vendredi, je l'appelle tous les jours pour prendre de ses nouvelles. Même si ces échanges ne durent que quelques minutes, je suis bien contente de voir qu'elle va de mieux en mieux. Elle recommence à manger normalement (avant c'était par intraveineuse, vu que ça touche le système digestif) malgré quelques petits désagréments.
Le mardi je crois, elle me dit qu'elle aura de la chimio après son retour chez elle. Qui dit chimio, dit cancer. Un choc. Ma grand-mère qui n'a jamais rien eu de plus grave qu'un gros rhume a chopper cette saloperie.

Elle passe un scanner le vendredi qui ne révèle rien et rentre chez elle le samedi.

Je l'appelle le dimanche matin pour savoir comment se passe sa "rentrée". Tout va bien même si elle est fatiguée. Il lui faudra du temps pour se remettre. C'est qu'elle est plus toute jeune. Mais elle est forte et tient bon.
Dimanche, on devait aller chez mes parents et en repartant on fait un saut chez elle. Elle était toute heureuse de nous voir! Je dirais pas qu'elle pète la forme, mais presque. Elle nous dit que ça sert à rien qu'elle se laisse allé, que ça changera rien et qu'il fallait allé de l'avant. Je reconnais bien là ma grand-mère.
Comme elle me l'a dit un jour où je l'ai appelé, elle s'y attendait donc elle est pas prise au dépourvus et se voile pas la face.

Mais voilà. Moi je suis pas inquiète. Je ne me dis pas "c'est grave, elle va peut-être mourir". Je n'arrive pas à me préparer qu'un jour elle disparaîtra. Pour moi, elle est là, tout comme avant, juste un peu malade. Je me dis que ça va passer, que c'est pas grave.
Quand j'ai appris qu'elle était à l'hôpital, j'étais sereine, pas inquiète pour un sous. C'est le Loup qui m'a dit "ta grand-mère est à l'hôpital et tu t'inquiètes pas plus que ça?" Ben non. Je sais pas pourquoi.

Comme pour mon grand-père. Je voyais bien son respirateur (il avait un cancer des poumons) et tout le reste. Mais il allait bien donc ça allait. Comment j'aurais pu savoir, après l'avoir vu "pimpant" le jeudi, qu'il mourait le samedi? D'ailleurs pour moi, il est pas "vraiment" mort. A chaque fois que je vais chez ma grand-mère, je le "vois", imagine ce qu'il ferait à cet instant, où il serait, revoit ses actions, son attitude. Aux repas de famille, j'ai toujours une pensée pour lui, je regarde toujours la chaise où il s’asseyait.
Peut-être que c'est dû au fait qu'il m'ai dit au revoir la nuit de sa mort? (Il m'ai apparut la nuit de sa mort pour me dire adieu). Je savais donc, quand mon père a déboulé chez nous, qu'il était mort. Sur le coup j'ai pas réalisé, mais après je me suis souvenue et j'étais "sereine".

C'est pareil avec ma grand-mère. Elle va bien, alors tout va bien. Je lui demande juste comment elle va avant d'enchaîner sur les conversations banales (moi, Mini-Louve, la cuisine...). Non vraiment, quand je ne suis aps inquiète. Et quand je vois les visages de ma mère et ma tante, je me sens coupable.

Je me dis peut-être qu'elle viendra elle aussi me dire au revoir quand elle partira.

C'est normal ou je suis juste insensible?

3 commentaires:

  1. je trouve ça chouette :)
    j'aimerais pouvoir profiter des gens tels qu'ils sont, à l'instant présent, ça me paraît tellement important, et ça ne sert à rien de se ronger les sangs, se pourrir la vie pour rien, si les gens vont bien (même si c'est relatif, certes)
    je suis l'inverse, je suis paniquée à l'idée de voir ma grand-mère mourir, et je peux te dire que du coup j'en profite beaucoup moins bien, car je ne suis pas du tout dans l'instant présent...
    En tout cas, pour ma part, ta réaction ne me choque pas :)

    En tout cas, ça a été en effet particulièrement chargé de ton côté ces derniers temps... Bon courage pour la suite.

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  2. Non pas insensible je crois que tu sais profiter des gens et faire avec ce que le present t'offre. Il y a longtemps j'etais obnubiliee par la peur de perdre ma grand-mere et de puis quelques annees je sais qu'un jour elle partira et que le mieux c'est de profiter d'elle maintenant, de me faire le moins de souci possible. parce que de toute facon ca ne changera rien.
    Profites d'elle et ne te pose pas trop de questions. Plein de courage, ces moments sont souvent emotionnellement difficiles. Bises

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