Inexistante

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Elle est là, assise au milieux de tous ces gens. Elle les connaît, se sont même des amis. Enfin, elle le croit.
Elle les regarde, assis autours de la table à boire leurs bière, leurs jus de fruits, leurs coca, leurs cafés. Ils discutent de politique, de religion, de boulot. Ils débattent, exposent leurs idées, s'engueulent. Elle plonge le nez dans son verre, regarde les bulles de son coca pétiller.
"Mais qu'est-ce que je fou là?"

Elle s'ennuie, se lasse de leurs discours. Elle a bien essayé de participer, de donner son avis, de s'exprimer, en vain. Toujours on lui coupe la parole, on l'écoute pas, on fait pas attention à elle. On écarte ses remarques d'un geste, comme on chasserait une mouche. On rigole de ses idées, lui dit qu'elle connaît rien, qu'elle est trop jeune.

Alors elle abandonne, se contentant de les écouter d'une oreille. Une part d'elle s'échappe, s'envole, vers un autre monde, loin d'ici. Les visages deviennent flous, sans consistance. Elle est assez présente pour répondre aux éventuelles questions, aux demandes.
Le débat dur depuis un moment. Combien de temps, elle ne sait pas. Trop à son goût. Dehors, le soleil brille et les badauds vont bon train. Il faut dire qu'il fait chaud en ce mois de mars. Le printemps s'est bien installé et les beaux jours reviennent enfin.

A les écouter, ils ont des vies passionnantes. Ils leur arrive pleins de trucs, font des choses super. A côté, sa vie est morne, sans joie ni rebondissement, sans saveur. C'est peut-être pour ça qu'on l'écoute pas, parce que sa vie est banale, voiture-boulot-dodo. Elle sort pas le week-end, ne va pas à Trifouillis-les-oies pour voir un tel, ne fait pas de concerts tous les mois. oui, sa vie est comme la vie d'une autre, et alors? Est-elle pour autant insignifiante?

Un coup d'oeil rapide à la table lui apprend qu'ils vont sortir. Enfin. Chacun paie sa consommation et en route vers le centre ville.
Elle suit docilement, après tout elle n'a pas voix au chapitre. Elle prend un peu de distance par rapport aux groupe, se contentant de les suivre.

Au bout d'une heure de marche, elle en a marre. Ils ont fait le tour de la ville, vue pas mal de magasins qui l'intéressaient plus ou moins et le tout, sans que personne ne fasse attention à elle.

Alors elle dit qu'elle va rentrer, qu'elle se lève tôt demain pour le boulot, qu'elle est crevée. Ils sont surpris de sont départ.
"Oh non, pas déjà! On discutait bien!"
"Mais vous le ferez tout aussi bien sans moi", mais ça, elle le dit pas. Elle repart chez elle, un goût amer dans la bouche.

Elle monte dans le bus qui la ramène chez elle. La tête collée à la vitre, elle regarde défiler les bâtiments, les rues.

Encore une sortie sans joie, où elle n'a fait que regarder, subir.

Encore une journée qui lui rappellera à quel point elle est banale, inintéressante.