Ma mère

C'était la fête des mère ce week-end. Vous avez pas pu le louper.
ça fait un moment que je voulais vous parler d'elle, sans jamais sauter le pas. Du coup, je profite un peu de cette fête pour me lancer.


Ma mère.

Elle m'a eu à 24 ans alors qu'elle était toujours en fac. Toujours là pour moi, un peu trop même, vrai mère poule, elle m'a (sur)protégé de tout et de rien.
Pas de feu, un micro-onde c'est mieux. En nourrice jusqu'à 13 ans parce que c'est trop tôt pour rester à la maison toute seule.

Je l'aimais ma maman, toujours là pour moi mais toujours entre mon père et moi, toujours à faire le tampon quand on se hurlait dessus.

Mais en même temps, toujours à s'engueuler avec mon père, à hurler toute la soirée, moi au milieux. Alors on se tait, on les regarde s'entre déchirer.

Pourtant, ma maman est attentive, à l'écoute, mais j'ai jamais appris/su/voulut me confier à elle. elle me l'a assez reprocher. Tout garder pour moi est une priorité. Logique pour moi, vu qu'ils avaient leur soucis. Et on efface pas plus de 15 ans comme ça.

Et puis elle est allée voir un psy, parce qu'elle allait pas bien, qu'elle avait besoin de parler.

Et pour moi, ça a tout changer.

Je ne reconnais plus ma mère. Ce n'est plus la femme que j'ai connus, celle qui m'a élevé, qui était ma mère.

Elle est devenue égoïste, ne s'occupant pas de ce qu'on peut penser, des autres.

Oh, elle s'inquiète beaucoup pour moi, mais c'est plus pareil, c'est plus la même chose.

Elle vit sa vie comme elle l'entends, comme elle veut, sans faire attention aux autres.

Elle n'est jamais à la maison (je ne suis plus chez eux, donc là je parle pour mon père) le soir, le week-end non plus, ou très rarement.
C'est bien, elle fait ce qu'elle aime. Mais elle a changé.

Elle est devenue égoïste, gamine (elle dit elle même qu'elle ne veut pas grandir), capricieuse.

Là, elle revient de trois semaines au Pérou. Seule. Sans mon père.
Seule, parce qu'ils avaient pas les moyens pour deux. Mais je sais le vrai motif et ça me tue. La vrai raison c'est parce qu'elle a pas eu la fête qu'elle voulait (là aussi faute de moyens) pour ses 50 ans (mon père n'a rien eu non plus pour les siens). Alors pour se venger elle est partie seule.

Elle m'a dit aussi qu'elle aimerait partir au Népal, au Guatemala, en Equateur... bref, voyager. Et seule si les fonds ne permettent pas qu'ils partent tous les deux. Et elle m'a dit sans sans complexes, sans une trace d'ennuis dans la voix ou les yeux.

Idem, il faut que je l'appelle en premier lorsque j'ai des nouvelles de Mini-Louve. Elle veut être la première à le savoir. Si j'appelle mon père ou ma grand-mère avant, je dois leur dire de faire comme s'ils ne savaient pas pour pas la vexer.

Quand je la voit boire (quelques fois à outrance) en soirée, je ne la reconnais plus. Je ne l'ai jamais vu comme ça.

Quand elle me dit qu'elle ne veut pas Mini-Louve pendant les vacances parce qu'ils seront pas libres de faire  ce qu'ils veulent, ça me choque (même si je comprend qu'ils ont aussi leur vie). Ou quand elle me dit que si je leur confie Mini-Louve un week-end (pas tous non plus, hein, une fois de temps en temps si on a des trucs de prévus), ça sera mon père qui s'en occupera car elle ira à ses activités, fera ce qu'elle a à faire, sans trop s'occuper de la gamine.

Quand je la vois (enfin l'entend) dénigrer mon père à cause des travaux de la maisons qui avancent pas, que mon père fait pas telle ou telle chose, qu'il choisit ça au lieu de ça, que ça traîne un peu, qu'il y a un soucis avec les entreprises, qu'il s’octroie un week-end de détente... alors qu'elle ne fait rien dans la maison, qu'elle se contente de regarder l'avancement, de donner ses idées, de râler, franchement ça me gave.

Quand je la vois avec ses "amies", j'ai une impression de faux, qu'elle fait semblant, que c'est creux, vide.

Pourtant, je l'aime ma maman, mais pour moi, ce n'est plus ma mère. Ce n'est plus la femme que j'ai connue. Pour moi c'est presque devenue une étrangère. Et j'aime pas ça.